Les médicaments injectables largement utilisés au domicile du patient, nécessitent une vigilance plus soutenue lors de la prescription (médecin), de la préparation et de l’administration pour nous, car ils utilisent une voie d’administration à haut risque.
Principaux enjeux
- La bonne dose : les erreurs signalées sur les préparations injectables représentent jusqu’à 62% des EIG, 1 perfusion/10 présente un risque.
- Le bon débit : les erreurs de débit représentent jusqu’à 73% des erreurs sur injectables, l’utilisation des pompes augmente ce risque.
- La bonne voie : les erreurs sont augmentées par la présence de voies multiples mal étiquetées. Des erreurs fatales sont identifiées entre la voie entérale et la voie parentérale.
- Le bon produit : tous les médicaments peuvent être à l’origine d’EIM, il n’existe pas de classe particulière, néanmoins l’OMS associée à la Joint Commission précise que certaines classes peuvent être à l’origine d’évènements graves du fait de leur marge thérapeutique étroite ; dans 2/3 des cas, le débit des injectables n’est pas conforme au RCP et 1/3 des EIM sont des erreurs de produit et/ou du diluant.
- Les bonnes règles d’hygiène : elles représentent un risque très important bien que rentrant dans les évènements infectieux associés aux soins et sont à rapprocher des déviances de pratiques.
Éléments contributifs majeurs
Différentes étapes constituent la préparation des formes injectables, ce qui génère davantage de risques potentiels compte tenu :
- des produits eux-mêmes,
- de la voie d’administration particulièrement à risque (intraveineuse, Intra musculaire, etc…),
- de la vitesse de diffusion et de l’irréversibilité de l’effet attendu,
- des incompatibilités éventuelles avec le type de solvant et avec d’autres médicaments,
- de la durée d’administration (bolus ou perfusion continue),
- chaque produit présente des particularités de dilution, des éléments de stabilité et de compatibilité, la voie d’administration présente un risque élevé d’infection en dehors de l’application stricte des recommandations du CCLIN Sud-Est ; l’acte d’administration par lui-même nécessite une évaluation de l’IDEL sur la qualité des abords, la préparation des injectables au domicile du patient n’est pas à l’abri d’interférences continues.
- À cela s’ajoutent des défaillances humaines et/ou organisationnelles, qui peuvent survenir : au niveau des prescriptions, des calculs (dose, dilution, programmation de la vitesse de perfusion), lors des nombreuses manipulations (asepsie, erreurs, oublis et confusions au moment de l’étiquetage…), en raison d’un environnement peu propice et du niveau de connaissance.
Préconisations
La prescription, le cas échéant, précise également :
- la DCI et le nom commercial,
- la concentration ou la quantité totale du médicament dans le contenant (ex : 1mg/ml),
- la compatibilité avec le diluant et le liquide de perfusion,
- le nom et le volume de diluant et/ou du liquide de perfusion,
- la durée de la perfusion,
- la date de début de la prescription,
- l’âge et le poids de tous les patients.
L’hygiène porte sur :
- La désinfection des contenants.
- La désinfection des mains
- Ne jamais toucher au cours des manipulations : le site d’injection de la poche, le corps du piston de la seringue, l’embout de la seringue, le bouchon des flacons.
Les dispositions générales :
- Pour l’IDEL s’informer des documents référencés par le prestataire ou le pharmacien, en ce qui concerne le matériel.
- Lire attentivement la ou les prescriptions, l’étiquette de l’ampoule ou du flacon et le mode d’emploi du médicament (nom, forme, dosage, péremption).
- Sécuriser l’étape de calcul des doses lors de la préparation : se sensibiliser à l’importance de cette étape. Eventuellement appeler son binôme, si un doute persiste pour mettre en place une double vérification pour les calculs de doses, les programmations de pompes, les produits injectables à haut risque.
- Prescription nominative, protocoles, et tableaux de correspondance à disposition pendant la préparation.
- Prélever le contenu d’une ampoule ou une partie de celui-ci, conformément à la prescription médicale, en respectant le rapport ml /dosage. Jeter toute ampoule entamée.
- Certaines solutions peuvent se conserver quelques heures dans le réfrigérateur (se référer aux indications du fabricant).
- Restreindre les gammes de pompes dans toute l’organisation de votre cabinet = prévenir les erreurs d’utilisation et de programmation.
- Mettre à disposition des professionnels des procédures d’utilisation des pompes (voir avec le prestataire ou le pharmacien, notamment pour n° d’urgence à appeler si dysfonctionnement).
L’étiquetage des perfusions :
- Nom du patient, nom du médicament, contenu détaillé, concentration, date et heure de la préparation, signature de l’IDEL.
- Si utilisation de seringues, ne pas les étiqueter sur la graduation.
- Étiqueter et identifier les préparations à tout moment de la production.
Pour plus de renseignements, consulter sur le site de la HAS